Lorsque nous nous rendons chez Aude, il fait encore beau et chaud. Elle est toute bronzée et a une pêche d’enfer! Cela faisait un bon moment que nous souhaitions la rencontrer, car sa page instagram nous inspirait beaucoup. Nous nous asseyons donc autour d’une magnifique table basse en marbre pour siroter un bon thé et papoter. Nous discutons des heures de nos expériences de vie, pas toujours faciles faciles… Emergent des sujets profonds et intenses, la vie en somme!

Nous vous laissons découvrir ce beau portrait d’une magnifique artiste!

Raconte-nous ta vie en quelques mots

Je suis diplômée Polydesigner, donc décoratrice-étalagiste. J’ai toujours eu un faible pour l’esthétisme d’un lieu et l’ambiance qui s’en dégage. Depuis toujours, ranger, trier, exposer, rendre harmonieux me fait du bien dans mon environnement quotidien et c’est en partie pour cela que j’ai eu envie d’apprendre ce métier. Bon, c’est aussi un peu pour les horaires de fonctionnaire !

J’ai travaillé 7 ans dans la même entreprise et franchement ces quelques années m’ont permis de me rendre compte à quel point le métier perdait totalement son aspect créatif. Dévalué par la plupart des entreprises, c’est une formation qui dure 4 ans et, qui aujourd’hui, n’a plus aucune reconnaissance. C’est grâce à cette lente prise de conscience et parce que j’ai vécu un véritable enfer les derniers mois passés dans l’entreprise pour laquelle je travaillais que j’ai commencé à remettre en perspective mes attentes dans la vie. C’est donc en parallèle à une situation émotionnellement douloureuse que j’ai commencé à me développer artistiquement et finalement, c’est comme ça que je me suis rencontrée pour la première fois !

Comment est née l’idée de te lancer dans toutes ces activités créatives via les réseaux?

Je n’ai pas trop eu le choix au départ HAHA. Non, je plaisante. J’ai toujours dessiné. Mais je me suis véritablement mise à remplir des carnets et à chercher mon univers il y a environ 5 ans. Je ne pensais jamais partager mes dessins jusqu’à ce que Mélodia et Morgane, les copines de Lausanne qui ont ouvert le Café des Patronnes mêlant thés froids maison hyper bons et pièces vintage de dingue, me disent un jour : « Dans 1 mois, on participe avec la boutique à une soirée apéro de Noël, on t’a fait de la place, tu t’organises mais le 15 décembre t’es prête à vendre des trucs chez nous ! »

J’avoue que le petit coup de pouce du début aura été un véritable tremplin, j’ai énormément de gratitude pour ce qui m’arrive depuis, alors merci les filles !

C’était en 2017, ça aura été hyper stressant mais trop cool ! Par la suite, j’ai eu l’occasion de me rendre compte qu’en fait, dans le rush, ça fuse mieux dans mon cerveau, je continue donc, aujourd’hui, de m’infliger ce rythme quand j’ai des deadlines pour des projets, je m’y mets deux jours avant. C’est donc comme ça que j’ai commencé, j’ai sélectionné 12 dessins dans mes carnets que j’ai retravaillés et vendus au format postal au Café de mes amies. Depuis, je m’essaie un peu à tout, je décline mes dessins sur des supports toujours différents. Je dessine sur des papiers de divers formats et qualités pour décorer ou pour des projets de tatouage par exemple, je teste des impressions comme la risographie ou la sérigraphie, j’ai aussi fait transférer des motifs sur de la vaisselle et des vêtements, et réalisé des accessoires comme des pin’s.

En fait, je me suis rendue compte que j’aime davantage que le dessin « serve » à quelque chose. Qu’il soit utilisé comme un talisman, qu’il ait du sens pour la personne qui le possède, le porte ou l’expose chez elle ! Je ne sais pas comment définir ce que je fais et j’ai écouté un interview de Chris de Christine and the Queen par BRUT qui m’a fait énormément de bien à propos de cette volonté de tout catégoriser. Et ça m’a aidé à réaliser qu’en fait, ça m’est autant égal d’appartenir à telle ou telle catégorie et que ça me soule de répondre à cette question parce que je ne sais pas quels mots mettre dessus. Je fais des trucs, voilà (aaaah mon côté commercial)

Quel est ton PLUS rien qu’à toi ?

Franchement, c’est difficile d’avoir un regard objectif et extérieur sur soi-même. J’ai vécu beaucoup de synchronicité dans ma vie et eu droit à des signes que j’ai rapidement interprétés comme des chemins à suivre. Depuis que je communique mon art via les réseaux, j’ai souvent connecté avec des personnes avec qui je partage la même sensibilité, et plus je suis en phase avec ce que je fais, plus j’attire une communauté en adéquation avec mes valeurs.
Je crois que ce qui fait la différence, et cela a été une révélation pour moi durant le confinement en début d’année, c’est le sens et les messages que je transmets à travers mes dessins et le fait de les réaliser en conscience.
Cela fait environ 8 ans que je me cherche personnellement et spirituellement, et dieu sait qu’on en a une conception faussée de la spiritualité. Ça n’a rien à voir avec la religion. Et pourtant, Il m’a fallu du temps pour me sentir légitime dans la sphère artistique et encore plus pour oser parler de spiritualité ! Parce que c’est tellement difficile d’admettre qu’on a toujours eu des préjugés sur une chose par laquelle tout d’un coup on se sent appelé ! C’est l’exercice de ma vie ! (rire)
Je suis passée par différentes pratiques, rituels de méditation, d’écriture ou d’introspection qui me font du bien et m’ont permis de guérir certaines blessures. Jusque-là, je n’avais encore jamais compris qu’il me suffisait de lier art et spiritualité pour me sentir alignée. Les sujets récurrents de mes illustrations en témoignent mais ça n’avait jamais été aussi clair pour moi qu’à présent. Ce que j’espère c’est que les personnes qui me suivent et achètent mes créations ressentent les sensations et l’amour que j’y dépose. Je crois que ce qui me rend le plus heureuse c’est de voir des photos de mes dessins sur un autel !

Ta journée type  ?

Première chose du matin, CAFE ! C’est clairement une addiction, je suis fâchée si je n’en ai plus (ce qui donc, n’arrive jamais !). Je lis un moment et je suis à l’écoute de mon corps, lorsque c’est le moment, je m’active. Je commence par ranger mon espace (évidemment HAHA) puis je m’assoie à mon bureau. J’allume ma bougie, je fumige mon espace de travail avec de la sauge, du palo santo ou de l’encens. Les énergies du matin et du coucher du soleil sont pour moi les plus apaisantes c’est, en principe, à ces moments que je dessine. L’après-midi c’est plus actif ! J’avoue que je n’ai pas vraiment de journée type, je m’ennuie à mourir dans la routine, ce qui est extrêmement contradictoire vu que la structure me canalise mais je commence souvent par faire des ToDo listes ! Je suis une pro des planning et des listes ! Elles sont belles et précises…sauf qu’après, je ne fais pas ce qui est écrit dessus…

As-tu rencontré des obstacles te lançant dans ces projets créatifs  ?

Oh oui, souvent en fait ! La société d’ici et les idées arrêtées avec lesquelles on a plus ou moins tous grandis, ne cadrent pas avec une vie d’artiste. J’ai d’ailleurs essayé, durant cette période d’expérimentation, de me positionner dans mon art comme dans un métier et ça n’a pas marché. La créativité, l’enthousiasme et le plaisir n’étaient plus du tout les mêmes ça n’a fait que générer une immense anxiété et ça m’a fait perdre ma confiance. C’est évident à partir du moment où ‘il s’agit de « faire de l’argent » ça ne fonctionne plus parce qu’on crée dans le but de plaire et plus du tout pour soi. Pour moi, ce n’est pas ok la notion commerciale derrière l’art, alors OUI je sais qu’à quelque part, si on veut en vivre, l’un ne va pas sans l’autre mais je compte sur le fait, un jour, d’avoir un manager ! Du coup, au quotidien, je dois me rappeler que mon moteur est le plaisir, j’écoute mon corps et mon cycle et j’essaye du mieux que possible de créer en adéquation avec celui-ci.

Ton plus beau souvenir depuis le lancement  ?

Franchement, j’en ai mille ! Je reçois tellement d’amour depuis le début, les gens n’ont pas conscience qu’un gentil petit mot peut m’apporter énormément et j’en reçois souvent ! Alors MERCI, MERCI, MERCI ! Ces derniers temps, il ne m’est arrivé que des choses qui me confortent dans l’idée que je suis vraiment en phase avec ce que je fais et ce que je désire offrir. Je suis exposée en ce moment chez Nadine, fondatrice de l’institut de beauté bio et organique, Organik Beauty, à Vevey. Et cette expo à vraiment été réalisée en adéquations avec les valeurs de respect du cycle de la nature et des saisons. C’était une magnifique expérience de laisser danser mes idées tout en sachant qu’elles correspondent parfaitement aux attentes de Nadine. Un échange merveilleux ! Et ! il y a aussi eu deux filles trop choues qui me soutiennent depuis le début, qui m’ont contacté pour savoir si j’étais d’accord d’échanger avec elles sur mon parcours et sur des pratiques spirituelles et rituelles et si elles pouvaient m’expliquer un peu leur vie pour recevoir de la guidance. Purée, mais j’en revenais pas! OUI !  J’ai tellement de chance de compter parmi mes amis les plus proches, Maïlé, qui a toujours été une épaule et une guide d’exception dans les moments les plus pénibles. J’ai reçu tellement de conseils précieux de sa part et nos échanges hyper bienveillants ont contribué à faire de moi la personne que je me félicite d’être aujourd’hui. Je crois que c’est très important de se soutenir les unes les autres pour s’aider à se connecter à notre pouvoir et à oser l’exprimer. Je suis très reconnaissante qu’on vienne à moi pour ça, car la notion du sacré et de la guérison sont très importants et j’espère véhiculer ces idées, concepts, dans mes dessins !

Tes projets à venir (si pas top secret)  ?

Alors ! Pour commencer j’ai trop hâte de voir les photos réalisées pour cet article ! Merci infiniment pour votre curiosité à mon égard, j’ai passé un moment génial en votre compagnie et ce que vous faites est topissime ! En octobre, j’ai participé au Slow market de BeauGarage à Vevey avec des vêtements upcyclés ! Il y a également une jolie collab’ avec Marion La Nouvelle Lune sur la Box de novembre, trop hâte de vous en dévoiler davantage ! Ensuite, on a prévu un décrochage début décembre avec Nadine, les infos seront communiquées sur les réseaux !

Un lieu qui compte pour toi dans la région ?

Le lac ! Il n’y a pas mieux pour stimuler la créativité que la nature ! J’y vais souvent le matin avant le lever de soleil parce que j’adore écouter les oiseaux chanter. J’écris beaucoup, c’est un peu la seule parade que j’ai trouvée contre cet « overthinking brain » qui parfois, n’ayons pas peur de le dire, me pourrit la vie HAHA. J’y bois mon café (le fameux), je fais une sorte de reset, ça me fait autant de bien que de méditer en fait.
Les couchers de soleil aussi sont importants, les plus beaux sont en mars et en octobre ! Avec les copains et un verre de rouge c’est encore mieux HAHA! Je suis fascinée par la lune mais c’est le feu du soleil qui me remplit d’énergie ! Le lever c’est comme si je prenais un bain régénérant et le coucher c’est le moment pour remercier l’univers de toute l’abondance à laquelle j’ai droit.

Ton rapport au lac ?

Je crois que mon amour pour cette région est infini ! Le lac et cette ouverture sur les montagnes, c’est magnifique. J’ai la chance d’avoir cette vue depuis ma fenêtre aussi ! J’ai plus que jamais conscience de la beauté qui nous entoure et je ne m’en lasserai jamais ! Je me baigne souvent, le contact de l’eau est apaisant ! En été, je suis moins productive parce que s’il fait beau, je suis au lac ! Aucune chance de me trouver ailleurs…

Des conseils pour celles qui désirent se lancer dans l’entreprenariat ?

Comme je disais, j’ai eu la chance, ou plutôt je me suis offert cette chance, d’explorer les limites et la manière de m’investir dans mon art. Aujourd’hui, je sais que pour garder cette magie, j’ai besoin de dessiner librement et sans contraintes, je n’en ferai donc pas mon métier.

Toutefois, ce qui m’a transformée, c’est de déconstruire cette idée reçue selon laquelle le plus important est d’avoir un job reconnu, bien rémunéré et une situation de laquelle se vanter en société. Ça m’a pris tellement de temps pour comprendre à quel point nos systèmes de valeurs peuvent être erronés. La peur est limitante et ça aussi je m’en suis rendue compte ! Bon, au même titre que les ToDo listes, en théorie je suis la première de la classe mais en pratique, bonne chance ! C’est pour ça que ce n’est pas facile au quotidien mais j’y travaille !

Entrer dans l’action, c’est le plus douloureux parce que ça implique de se mettre à nu et de sortir de sa zone de confort et le peu de fois où j’ai expérimenté ça, mais qu’est-ce que c’était bon ! Du coup, au niveau professionnel, je ne me suis pas encore réalisée à la hauteur de mon potentiel et j’ai encore beaucoup à apprendre mais le conseil que je peux donner, qui a fonctionné à merveilles pour ma réalisation personnelle, c’est « toujours avancer avec l’esprit ouvert ». C’est-à-dire ; remettre les choses en perspectives lorsque ça coince, toujours trouver de nouvelles possibilités à explorer, chercher des solutions aux problèmes uniquement lorsqu’ils se posent, cultiver les moments et les relations qui contribuent à nourrir sa confiance, ne pas juger (trop sévèrement, parce que, pas du tout, c’est impossible !) écouter attentivement les conseils mais ne rien tenir pour acquis! Ce qui est juste pour quelqu’un peut être faux pour une autre, l’idéal est de trouver ce dans quoi on est confortable et oser le dire et enfin…faire les choses avec un maximum de plaisir, toujours !!!!!

Retrouvez le travail d’Aude sur sa page Instagram: audefrossard.art